Sage-femme et mammographie : ce que dit la loi, ce que vous pouvez faire

En 2023, plus de 61 000 nouveaux cas de cancer du sein ont été diagnostiqués en France. On estime qu’une femme sur 8 y sera confrontée au cours de sa vie. Son dépistage est donc devenu une priorité nationale.

Parce qu’aujourd’hui, le cancer du sein se soigne mieux, et que de le détecter précocement augmente considérablement le taux de survie à 5 ans, des campagnes de dépistage organisé ont vu le jour.

Si elles sont surtout axées sur une consultation de dépistage, avec examen clinique des seins et l’apprentissage de l’auto-palpation, elles peuvent aussi faire appel à l’examen de référence que toutes les femmes devraient réaliser un jour : la mammographie, généralement associée à une échographie mammaire.

Or, si près de 2,6 millions de mammographie sont réalisées chaque année dans le cadre du dépistage organisé — davantage si l’on inclut le dépistage individuel —, le taux de participation, lui, ne s’élève qu’à 48%, loin des objectifs fixés.

Alors pour faciliter l’accès au dépistage, les missions de certains professionnels de santé ont été repensées. C’est le cas des sages-femmes, qui peuvent aujourd’hui prescrire les mammographies et participer activement au dépistage organisé.

Longtemps cantonnées au suivi de la grossesse et à l’accouchement, elles sont désormais reconnues comme une profession médicale à part entière, et comme des actrices majeures de la santé des femmes.

Alors quel est leur rôle et comment inclure pleinement ces 24 000 sages-femmes dans le dépistage du cancer du sein ?

C’est ce que nous ferons ci-après.

article cancer du sein

Nous l’avons vu, les prérogatives des sages-femmes ont évolué.

En plus des suivis de la grossesse, de l’accouchement et de la gestion du post-partum, elles peuvent désormais assurer le :

  • Suivi gynécologique de prévention,
  • La contraception,
  • Le dépistage,
  • La prescription d’examens.

Un professionnel de proximité et de prévention

La sage-femme prend en charge toutes les femmes, de la puberté à la ménopause.

Elle accompagne aussi bien la future maman pendant la grossesse et après la naissance du bébé, que les jeunes filles, à qui elle donne des conseils de prévention en matière de sexualité et de contraception.

Elle intervient également dans la prévention du cancer du sein, chez la femme comme chez l’homme, et est désormais une interlocutrice de choix dans les dépistages.

Une porte d’entrée vers le dépistage organisé :

Elle sensibilise précocement les femmes à partir de 30-40 ans pour faciliter leur inclusion dans le dépistage organisé. Puis en fonction des recommandations en vigueur, elle réalise les dépistages individuels chez les femmes dès l’âge de 50 ans, et avant en cas de facteur de risque.

Cadre légal de la prescription :

Le droit de prescription de la sage-femme est encadré.

  • Le Décret du 12 octobre 2011 définit les prescriptions autorisées dans le cadre du suivi gynécologique de prévention.
  • Le Décret n°2022-325 du 5 mars 2022 actualise et élargit les prescriptions, incluant les mammographies et certains examens d’imagerie.

Cela s’inscrit dans un mouvement plus large de reconnaissance du rôle central des sages-femmes dans la prévention et le suivi de la santé des femmes, en ville comme à l’hôpital. De plus en plus de sages-femmes se tournent d’ailleurs vers le libéral.

Les sages-femmes peuvent désormais prescrire :

  • Des médicaments nécessaires au suivi obstétrical,
  • Des examens biologiques,
  • Des dispositifs médicaux,
  • Des examens d’imagerie, comme la mammographie.

Conditions d’exercice

La sage-femme peut prescrire une mammographie sans passer par la case médecin pour respecter le parcours de soins.

Elle peut participer au dépistage organisé, sous réserve de respecter les règles du Code de la santé publique.

Elle reçoit les femmes asymptomatiques âgées de 50 à 74 ans dans le cadre du dépistage organisé.

Elle dépiste également hors programme, les femmes âgées entre 40 et 49 ans ou de plus de 74 ans, qui présentent des antécédents familiaux ou des facteurs de risque.

En présence de signe clinique suspect ou en cas de doute, elle oriente rapidement sa patiente vers le médecin ou le gynécologue.

Dépistage organisé

Il a lieu tous les 2 ans entre 50 et 74 ans.

Ce programme structuré, permet une lecture systématique des examens et un suivi régulier des patientes.

Dépistage individuel

Il est réalisé sur prescription, selon le contexte clinique ou les antécédents. Il ne permet pas la double lecture gratuite.

 Dépistage organisé :Dépistage individuel :
Conditions :Tous les deux ans, sur invitation de la caisse d’assurance maladie de rattachement.Sur prescription, selon le contexte clinique ou en fonction des antécédents.  
Âge :ans.ans > 74 ans.  
Lieu :Réalisé dans un centre agréé avec double lecture gratuite.En cabinet de ville.
Pas de double lecture systématique.  
Prise en charge :100% remboursé par l’Assurance Maladie.70% remboursé. Complément par la mutuelle.  

Dans le cadre du suivi gynécologique de prévention

Près de la moitié des femmes enceintes sont exclusivement suivies par une sage-femme quand leur grossesse ne présente pas de complication majeure.

Lors de ses consultations de prévention, la sage-femme évalue les facteurs de risque : âge, antécédents médicaux, psychologiques, gynécologiques et familiaux, traitements hormonaux, dépistage des violences physiques et sexuelles ou des addictions…

Elle peut aussi réaliser un frottis ou un examen clinique des seins (palpation) et éduque la patiente aux gestes d’autosurveillance (auto-palpation).

En fonction des éléments cliniques, elle peut décider de prescrire une mammographie, une échographie ou d’autres bilans complémentaires, tout en orientant rapidement vers un spécialiste en cas d’anomalie ou de signes suspects : pathologie fœtale, grossesse à risque (HTA, prééclampsie, éclampsie…), etc.

  Si une majorité de sages-femmes prescrivent des échographies, peu sont encore habilitées à le faire.   Un diplôme spécifique est nécessaire pour pouvoir les réaliser et les interpréter : par ex. le DIU d’échographie obstétricale et gynécologique.  

Ce que la sage-femme ne peut pas faire

La sage-femme ne peut pas :

  • Assurer le suivi d’un cancer du sein diagnostiqué.
  • Poser un diagnostic radiologique.
  • Prescrire une biopsie ou un traitement.

Mammographie

  • Dépistage organisé : 100 % remboursé.
  • Prescription individuelle : 60 % remboursé + mutuelle.

Consultation de sage-femme

Certaines plateformes de mises en relation médecins/patients proposent la réservation de rendez-vous avec les sages-femmes.

Aujourd’hui, il n’est plus indispensable de consulter un médecin généraliste avant de prendre ce rendez-vous.

Elle propose différents types de consultations :

  • Consultation prénatale
  • Consultation postnatale
  • Consultation gynécologique
  • Consultation pour rééducation du périnée
  • Consultation spécialisée : haptonomie, consultation en lactation dans le cadre de l’allaitement (avec certification IBCLC) …

La procédure complète comprend la :

  • Consultation (anamnèse, examen clinique)
  • Prescription de l’examen
  • Prise de rendez-vous chez un radiologue agréé
  • Réalisation de l’examen
  • Double lecture des images.

Toutes ces étapes sont prises en charge à 100% par l’assurance maladie quand elles font partie du dépistage organisé.

Depuis le 1er janvier 2025, le taux de remboursement des consultations par l’Assurance Maladie, hors situation d’ALD ou de CSS (Complémentaire Santé Solidaire), est passé de 70% à 60% du tarif conventionné.

Ce changement prévu par la Loi de financement de la sécurité Sociale 2025 s’inscrit dans une réforme globale de la participation des assurés aux soins courants et concernent toutes les consultations médicales.

Tableau récapitulatif des principaux actes des sages-femmes :

Actes :Taux de remboursement 2025 :  
Consultation hors grossesse 60%  
Consultation grossesse < 6 mois60%  
Consultation grossesse > 6 mois et jusqu’à 12 jours après l’accouchement  100%
Consultations spécifiques :

– Entretien prénatal précoce
– Séances de préparation à la naissance
– Visites postnatales à domicile  
100%
Consultation contraception pour les mineures de plus de 15 ans  100%
Mammographie :

– Dépistage organisé

– Dépistage individuel  


100%  

60%

Accessibilité et confiance

La mission socle des sages-femmes reste le suivi de grossesse et l’accouchement.

Et parce qu’elle intervient régulièrement tout au long de la grossesse et dans le post-partum immédiat, elle a l’habitude de conseiller les futurs mamans.

Elle est aux premières loges pour sensibiliser aux dépistages des cancers du col de l’utérus et du sein, et pour évoquer plus largement, tous les sujets de prévention qui touchent à la santé des femmes.

Elle est donc une interlocutrice de confiance, et un atout majeur dans la prévention. Grâce à cette proximité et à sa présence dans les zones reculées et sous-dotées en médecins, elle favorise l’accès aux soins et aux dépistages.

  La prescription de mammographies par les sages-femmes s’inscrit dans une volonté de fluidifier les parcours de soins et de favoriser l’accès au dépistage dans les déserts médicaux.  

Dépistage équitable

L’accès direct aux sages-femmes permet non seulement une meilleure couverture des femmes éloignées du système de soins, mais il facilite aussi le dépistage des jeunes femmes à risque.

Et, rappelons qu’en cas d’anomalies ou de doutes, la sage-femme n’est pas seule.

Elle oriente sa patiente à risque vers le médecin généraliste, le gynécologue ou un centre spécialisé, au moindre signe d’alerte.

  À l’instar des autres professionnels de santé, la sage-femme joue elle-aussi un rôle essentiel dans le parcours de soins. Elle peut intégrer les données issues de leurs consultations dans le Dossier Médical Partagé (DMP) afin d’assurer la continuité des soins.  

Aujourd’hui, les sages-femmes ont un rôle reconnu et encadré dans le dépistage des cancers féminins.

En effet, elles assurent non seulement le suivi des grossesses sans risque, l’accouchement, le suivi postnatal mais elles sont devenues un pilier du suivi gynécologique de prévention dont le dépistage des cancers du sein, en prescrivant notamment des mammographies et des échographies mammaires.

Ce droit de prescrire renforce leur autonomie et leur légitimité dans le suivi global des femmes, et leur permet d’assurer une prise en charge cohérente, continue et centrée sur les besoins de leurs patientes.

Si la gynécologue reste le recours de référence, notamment en cas de complication ou de risques, cette évolution participe à une meilleure reconnaissance du rôle des sages-femmes au sein du système de santé, complémentaire de celui des médecins.

Elles constituent un véritable atout et une force avec laquelle il faut apprendre à compter, notamment en cas de difficulté d’accès aux soins.

Pour terminer, prescrivez-vous souvent des mammographies ? Participez-vous activement aux campagnes de dépistage ? Quels sont les principaux freins que vous rencontrez ?

Enfin, si cet article vous a plu, n’hésitez pas à le partager autour de vous.

Source :

HAS

Ameli

Ordre des sages-femmes

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