Devenir parent n’est pas inné. Cela s’apprend. Chaque jour. Aux côtés de son enfant.
Quel parent ne s’est pas demandé s’il faisait bien, si l’enfant mangeait suffisamment, s’il fallait ou non le laisser pleurer dans son berceau pour l’habituer, s’il transmettait les bonnes valeurs ou s’il était suffisamment présent pour son enfant ?
De l’annonce de la grossesse aux premiers mois de vie de l’enfant, chaque parent avance à tâtons, entre amour, fatigue extrême et questionnements. Et face à ces incertitudes, encore trop peu osent demander de l’aide, de peur d’être jugés, parce que « devenir parent devrait être naturel et que les autres y arrivent bien tout seul ».
Puis, les modèles familiaux se sont diversifiés et les besoins ont changé avec eux.
La parole s’est libérée. La politique de soutien parental s’est précisée et des dispositifs dédiés à la parentalité se sont développés un peu partout sur le territoire pour permettre à chaque parent, quel que soit son parcours, de bénéficier d’un accompagnement bienveillant et adapté.
Qu’il s’agisse de familles classiques, recomposées ou monoparentales, d’enfants naturels, adoptés ou conçus par GPA… tout parent devrait pouvoir être accompagné pour que chaque enfant se développe dans les meilleures conditions.
Alors, vers quels dispositifs se tourner et qui consulter pour les accompagner au quotidien ? C’est ce que nous verrons ci-après.
Qu’est-ce que l’accompagnement à la parentalité ?
Une mission de soutien globale, au-delà du soin médical
La parentalité désigne l’ensemble des fonctions et responsabilités exercées par les adultes en charge d’un enfant pour répondre à ses besoins physiques, émotionnels, sociaux et éducatifs. Elle englobe les « soins quotidiens », le lien affectif, la transmission des valeurs… mais aussi les doutes, les vulnérabilités et les ajustements permanents.
Le HCFEA la définit comme l’ensemble des façons d’être et de vivre le fait d’être parent, dans une société et une culture données.
Quant au soutien à la parentalité, il s’agit de l’accompagnement éducatif, psychologique et social proposé aux parents avant, pendant et après la naissance dans une approche globale et individualisée.
Son objectif est de :
- Renforcer le lien parent-enfant.
- Prévenir l’isolement ou l’épuisement parental.
- Valoriser les compétences des parents.
Chaque parent développe une approche de la parentalité influencée par ses idéaux, son héritage familial, ses valeurs mais aussi avec les réalités du quotidien. L’accompagnement vise à soutenir ce processus individuel.
Pour qui ?
Le soutien à la parentalité s’adresse à tous : parents et futurs parents, qu’ils soient
- En couple ou célibataires, en parcours de PMA, d’adoption ou de GPA, y compris dans les familles recomposées.
- En situation de précarité, d’isolement ou de handicap.
- Ayant vécu un deuil périnatal, des violences ou une séparation.
Parce que chaque famille est unique, les dispositifs doivent être accessibles, inclusifs et s’adapter aux réalités singulières de chaque parent.
À savoir : 1 femme sur 5 connaît un baby blues sévère après l’accouchement. 20 % des parents se sentent isolés dans leur rôle.85 % des familles disent avoir besoin d’un soutien éducatif ou psychologique, mais seules 30 % y accèdent.Participer à des ateliers parentaux dès la petite enfance améliore le développement du langage des enfants. |
Sources : DREES, ONPE, CAF, études périnatales 2020-2023. |
Le rôle essentiel des sage-femmes dans cet accompagnement
Une relation de confiance dès la grossesse
Les sages-femmes jouent un rôle essentiel dans l’accompagnement à la parentalité.
Elles repèrent précocement les fragilités psychiques, sociales, émotionnelles, éduquent à la parentalité grâce à des ateliers prénataux, au soutien à la préparation du projet de naissance et encouragent l’implication du co-parent.
Un soutien après l’accouchement
Après l’accouchement, elles éduquent les parents pour les aider à mieux vivre les premières semaines. Ces conseils pratiques sont essentiels au bon développement de l’enfant : sommeil, allaitement, rythmes du nourrisson.
Elles accompagnent aussi la jeune mère dans la gestion de ses émotions : baby blues, sentiment d’incompétence, anxiété parentale.
Une approche individualisée
Enfin, l’accompagnement tient compte de l’histoire familiale, du contexte de vie et des valeurs parentales.
Elles soutiennent les parents sans jugement, grâce à l’écoute active, au respect des choix parentaux et à l’empowerment (c’est-à-dire le travail de valorisation et de renforcement de la confiance, des compétences et des capacités des parents à prendre en charge leur enfant).
Quels sont les dispositifs existants pour soutenir la parentalité ?
Différentes structures accompagnent les jeunes parents.
Les structures de proximité
On retrouve :
Les PMI (Protection maternelle et infantile) : qui proposent des consultations, des visites à domicile et des ateliers collectifs.
- Les centres sociaux, crèches, relais petite-enfance, CAF : avec des programmes locaux d’éducation parentale, des cafés-parents, des animations.
- Les Maisons des familles.
Depuis une dizaine d’années, de nombreuses actions de soutien à la parentalité sont mises en place, et les intervenants du social et médico-social, de la santé et du monde associatif se mobilisent pour les déployer sur le territoire.
Les Dispositifs spécifiques :
Il s’agit :
- Des REAAP (Réseaux d’Écoute, d’Appui et d’Accompagnement des Parents) qui mettent en valeur les compétences parentales, tiennent compte des différents modèles familiaux, facilitent les relations entre les parents et leurs enfants et créent des projets à long terme.
- Des LAEP (Lieux d’Accueil Enfants Parents), pour prévenir l’isolement social, les négligences ou les violences parentales, et renforcer les liens parents/enfants.
- Les CLAS (Contrats Locaux d’Accompagnement à la Scolarité), portés par les associations ou les collectivités, qui permettent aux enfants d’être accompagnés après l’école, et aux parents de mieux comprendre les attentes de l’institution scolaire.
- La Médiation familiale, pour résoudre les conflits familiaux ou intergénérationnels.
- Les Espaces de rencontres, encadrés par un éducateur spécialisé, pour maintenir le lien avec l’enfant en cas de séparation des parents ou pour ceux qui n’ont pas de logement.
- Le SASP est un service d’accompagnement à la parentalité pour personnes en situation de handicap. Il permet aux adultes handicapés de mettre sur pied leur projet de grossesse et d’accueillir l’enfant sereinement.
Les Ressources en ligne ou téléphoniques :
- Allô Parents Bébé,
- Fil Santé Jeunes,
- Maman Blues,
- Enfance et Partage.
Les Points info famille permettent aux familles d’être orientées plus facilement vers les structures pouvant répondre à leurs besoins et attentes. |
Les professionnels impliqués
L’accompagnement à la parentalité est crucial dès la petite enfance. Il permet notamment de réduire les inégalités sociales et d’accès à la santé, pour que l’enfant soit suffisamment armé pour construire sa vie dans des conditions optimales.
Les principaux professionnels impliqués sont :
- Les sages-femmes : en libéral, en maternité, en PMI. Elles jouent un rôle central du repérage précoce des fragilités à l’accompagnement postnatal.
- Les médecins généralistes, pédiatres, psychiatres, professionnels de la santé mentale périnatales.
- Les psychologues, psychomotriciens, orthophonistes.
- Les éducateurs de jeunes enfants, les médiateurs familiaux, les travailleurs sociaux et les enseignants spécialisés.
- Le personnel de crèches et relais petite enfance.
- Les associations : soutien familial (familles endeuillées) ou aux parents handicapés, groupes pour parents solos, écoute téléphonique.
Ce type d’accompagnement est par nature, multidisciplinaire. Une bonne coordination entre secteurs sanitaire, social, éducatif et associatif est essentielle pour que l’accompagnement se passe dans les meilleures conditions possibles.
Chacun doit travailler en partenariat pour mettre en place des actions communes, et faciliter la cohérence ainsi que la continuité de l’accompagnement.
Quelles formes peut prendre l’accompagnement à la parentalité ?
Accompagnement individuel
L’accompagnement individuel repose sur :
- Des entretiens prénatals ou postnataux personnalisés.
- Un suivi en cas de vulnérabilité (accompagnement social) ou de demande spécifique.
Accompagnement collectif
Dans ce cas, on propose aux familles :
- Des ateliers d’échanges de pratiques entre parents (gestion du stress, sommeil, alimentation…).
- Des rencontres parents-bébés ou des cercles de parole.
Soutien spécialisé
Enfin, certaines situations délicates demandent une attention particulière. L’accompagnement spécialisé portera alors sur :
- Des consultations psychologiques (deuil périnatal, dépression post-partum, difficulté d’attachement, isolement).
- Une aide dans des situations à risque (violences intrafamiliales).
Quand et comment accéder à ces services ?
Qui peut orienter ?
Les sage-femmes, médecins généralistes, pédiatres, puéricultrices, assistantes sociales, PMI et psychologues peuvent orienter les familles en difficultés vers les dispositifs d’accompagnement à la périnatalité.
Où s’adresser ?
Les PMI, maternités, réseaux périnataux, associations locales, maisons des familles peuvent fournir les renseignements nécessaires et la marche à suivre pour que les familles puissent être soutenues.
Les informations sont également disponibles sur les sites des ARS, CAF, REAAP locaux, mairies.
À quel moment consulter ?
Les consultations peuvent être programmées :
- avant la naissance : besoin d’informations, d’écoute ou de préparation émotionnelle, notamment en cas d’anxiété.
- après : en présence d’une fatigue intense, d’un isolement, de difficultés relationnelles avec le bébé ou le co-parent.
Quels sont les bénéfices prouvés de l’accompagnement parental ?
Pour les parents
Cet accompagnement permet aux parents :
- D’être moins isolés, plus rassurés et plus confiants.
- D’aborder leur parentalité avec plus de sérénité : réduction des risques de souffrance psychique ou d’épuisement parental.
Grâce au dialogue, à l’attitude bienveillante des professionnels et à l’environnement de confiance qui se crée au fil des consultations, les parents prennent conscience de leurs aptitudes, et apprennent à les mettre en pratique auprès de leurs enfants.
Pour l’enfant
Des relations familiales sécures améliorent le lien d’attachement, permettent un développement émotionnel plus stable, et préviennent les troubles du comportement ou du développement.
Un enjeu de santé publique encore sous-exploité
Malgré la diversité des services de soutien parental, l’accompagnement reste peu lisible, mal connu des familles et des professionnels eux-mêmes. Il manque encore de coordination, de financement, de formation.
Valoriser le rôle des sages-femmes
Formées à la détection des vulnérabilités, à l’écoute, à l’accompagnement global, les sages-femmes sont des intervenantes de première ligne. Leur rôle à la fois médical et psycho-social doit impérativement être mis en avant et proposé dans ce parcours de soin dès le début de la grossesse.
Renforcer les dispositifs existants
Pour cela, il est impératif de :
- Mieux connaître et mieux communiquer sur les offres locales d’accompagnement.
- Développer les partenariats interprofessionnels (médical, éducatif, social).
- Renforcer les formations des professionnels de santé en les sensibilisant au repérage, à l’écoute et à l’accompagnement culturellement adapté.
Promouvoir une parentalité inclusive
Enfin, la dernière clé pour un accompagnement réussi est de prendre en compte toutes les formes de familles et de parcours de vie, et d’adopter un discours non normatif, sans pression ni culpabilisation. Parce qu’accompagner les parents, c’est déjà prendre soin de l’enfant.
Pour conclure…
Nous venons de le voir, l’accompagnement à la parentalité est un levier essentiel de prévention, d’inclusion et de soutien à long terme. Il permet d’éviter bien des souffrances, d’apaiser les tensions et de favoriser le développement harmonieux de l’enfant et d’aider le parent à bien vivre sa parentalité.
Et, le rôle des sages-femmes y est central. Valoriser ce rôle, c’est mieux préparer les parents à accueillir, comprendre et faire grandir leur enfant tout en prenant soin d’eux-mêmes.
Alors, si vous aussi vous souhaitez faire vivre ces dispositifs ou soutenir les jeunes parents, n’hésitez pas à élargir vos compétences, à affiner vos pratiques et à vous former régulièrement.
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Source :
HCFEA : Haut Conseil de la Famille, de l’Enfance et de l’âge.