Avec plus de 433 000 nouveaux cas chaque année, le cancer est la première cause de mortalité en France.
Si certains types de cancers se soignent relativement vite et bien, d’autres nécessitent un suivi au long cours avec une équipe pluridisciplinaire spécialisée.
Et dans cette prise en charge complexe —ponctuée de moments d’espoir, de joie, de doutes et d’inquiétudes—, il y a vous, infirmiers, dont le rôle ne cesse d’évoluer. Vous, dont le rôle ne se résume pas qu’à la réalisation d’actes techniques.
Vous, qui accompagnez, soutenez, et réconfortez au quotidien.
Non seulement vous êtes présents à chaque étape du parcours de soin, mais vous le facilitez en collaborant étroitement avec chacun des intervenants impliqués.
Et c’est ce qui fait de vous un pilier de ces prises en charge lourdes émotionnellement mais si riches humainement.
Alors comment soutenir vos patients dans un quotidien fait d’annonces difficiles, de traitements lourds, de douleurs, de rémissions et de rechutes ?
C’est ce que nous verrons ci-après.
Positionnement de l’infirmier en cancérologie
Travail en réseau et collaboration
Prendre en charge un patient atteint de cancer, c’est intégrer un parcours de soin complexe, un dispositif spécialisé.
C’est collaborer quotidiennement avec les différents intervenants : oncologues, radiothérapeutes, pharmaciens, kinésithérapeutes, psychologues, diététiciens, assistants sociaux, socio-esthéticiennes, équipes de soins à domicile spécialisées dans la douleur ou les soins palliatifs, et même les HAD ou les prestataires de service.
C’est intervenir dans divers services : hôpital de jour pour les chimiothérapies, hospitalisation conventionnelle pour les complications, soins de support, soins palliatifs, et de plus en plus à domicile.
C’est être présent à chaque étape du parcours de soin, comprendre les enjeux cliniques et humains, et ajuster vos interventions en fonction du stade de la maladie, des traitements et de l’état psychologique de votre patient.
Le rôle dans le parcours du patient
C’est accompagner les patients dans les gestes concrets du quotidien mais aussi dans l’invisible : les doutes, la peur, la douleur morale. Vous êtes d’ailleurs souvent leur repère, leur point d’ancrage, entre deux consultations médicales, deux suivis diététiques, deux rendez-vous médico-sociaux.
C’est aussi surveiller, expliquer, rassurer, alerter, et transmettre.
C’est enfin et surtout tisser un lien précieux dans un temps de vie bouleversé par une des maladies les plus terrifiantes, à l’issue incertaine.
Alors que votre patient soit en phase curative, en rémission ou en soins palliatifs, vos passages infirmiers comptent et peuvent tout changer.
Les missions clés de l’infirmier en cancérologie
Soins techniques spécialisés
Quand on pense à l’infirmier en oncologie, on pense aux nombreux soins techniques spécifiques, parfois complexes, qu’il réalise au quotidien et qui exigent rigueur et expertise.
Il administre des traitements anticancéreux comme la chimiothérapie, l’immunothérapie ou les thérapies ciblées, tout en respectant scrupuleusement les protocoles et les consignes de sécurité.
Il vérifie le bon fonctionnement des voies veineuses centrales (PAC, PICC-line, cathéters tunnélisés) et des dispositifs médicaux prescrits : pose de perfusions, vérification de la perméabilité, soins d’entretien, gestes aseptiques pour éviter toute infection.
Il surveille les effets secondaires immédiats ou retardés : nausées, vomissements, mucites, douleurs, fièvre, neutropénie. Cette surveillance précoce permet généralement d’éviter des complications.
Chacun de ces gestes est aussi une occasion d’observer, de rassurer, et d’échanger avec le patient.
Surveillance clinique et évaluation continue
L’observation clinique infirmière ne se limite pas à un relevé de constantes.
Dans ce cadre, elle implique aussi une évaluation de la douleur, de la fatigue, de l’état nutritionnel et du moral. Chaque modification de l’état général peut être un signe d’alerte.
Vous devez être particulièrement vigilant aux signes précoces d’infections, de thromboses ou de troubles métaboliques liés aux traitements.
Vous contrôlez aussi l’efficacité des traitements et, en cas de signes de toxicité (neurologiques, digestives, hématologiques), vous alertez les médecins.
Ce suivi rapproché contribue directement à la sécurité et à la qualité des soins.
Soins de support
Les soins de support font partie intégrante de la prise en charge.
Ils complètent les soins classiques et aident à prévenir et à supporter leurs effets secondaires. Ils apportent aussi un confort physique et moral.
Les principaux soins de support rencontrés en oncologie sont l’hypnoanalgésie, les massages, l’aromathérapie, la sophrologie, la méditation de pleine conscience et le suivi diététique.
Certains actes que vous réalisez au quotidien sont aussi des soins de support.
C’est par exemple le massage doux que vous réalisez pour éviter l’escarre, le soin de bouche qui apaise une mucite ou les conseils que vous donnez pour améliorer le sommeil ou favoriser l’appétit.
Ces soins complémentaires améliorent non seulement la qualité de vie du patient, mais ils renforcent l’alliance thérapeutique. Alors intégrez-les systématiquement à votre pratique.uspect ou en cas de doute, elle oriente rapidement sa patiente vers le médecin ou le gynécologue.
Accompagnement psychologique et relation de confiance
Écoute et soutien psychologique
Nous l’avons vu, vous êtes souvent le premier confident du patient.
Vous jouez un rôle essentiel dans l’accueil de la parole, l’écoute active et la gestion des émotions, que les nouvelles soient bonnes ou que la maladie évolue.
Vous savez vous adapter à chaque personnalité, à chaque histoire, et soutenez aussi bien vos patients que les familles, souvent sidérées ou inquiètes, en leur transmettant des repères concrets et un espace de parole.
Importance de la relation de confiance
La relation que vous nouez avec vos patients au fil de vos visites est capitale.
Elle influence l’observance, l’adhésion aux traitements, et la capacité du patient à traverser les épreuves.
Qui plus est, vous êtes aussi le médiateur désigné entre l’équipe médicale et le patient, celui qui reformule les informations et qui facilite la compréhension des décisions.
Si dans les moments clés – annonce, rechute, passage en soins palliatifs – vous êtes là pour soutenir vos patients, vous devez apprendre à vous protéger, à poser des limites, et à prévenir le burn-out pour continuer à être ce repère stable au fil du temps. |
Éducation thérapeutique du patient (ETP)
Information sur les traitements et la gestion des effets secondaires
En tant qu’infirmier libéral, vous jouez un rôle crucial dans le maintien à domicile des patients. Pour éviter les hospitalisations inutiles et améliorer la qualité de vie, vous devez travailler conjointement avec votre patient.
C’est là que l’éducation thérapeutique prend toute sa place. Elle vous permet d’expliquer les traitements (chimiothérapie, radiothérapie, immunothérapie…) et leurs effets secondaires, mais aussi d’impliquer et autonomiser les patients dans la gestion de leurs soins à domicile : hydratation, nutrition, prévention des infections, conduite à tenir en cas de fièvre, soins cutanés ou buccaux.
Préparation à la vie après le cancer
Une fois les traitements terminés, une autre étape commence : la vie après le cancer —qui ne signe pas forcément la fin des soins.
Vous pouvez accompagner votre patient dans cette phase de transition, souvent délicate.
C’est généralement un moment clé, où vous les aidez à retrouver équilibre et confiance, en leur transmettant les outils pour mieux vivre après la maladie et mieux gérer la peur —naturelle— de la rechute.
Ce suivi peut aussi se poursuivre en ville, via différents dispositifs (HAD, service d’oncologie de proximité, IDE référent).
Rôle dans la coordination des soins
Interface entre patient, famille et équipe médicale
L’infirmier est souvent le trait d’union entre le patient, sa famille et l’équipe médicale. Il facilite la circulation des informations, coordonne les différents rendez-vous, et s’assure que chaque intervenant dispose des données nécessaires à la continuité des soins.
C’est un relais précieux dans un parcours parfois complexe, ponctué de nombreuses interventions, examens complémentaires, hospitalisations programmées ou en urgence.
Fonction d’infirmier coordinateur en cancérologie (IDEC)
L’IDEC est également un acteur essentiel de ce dispositif de soin. Il planifie les étapes du parcours, anticipe les besoins, organise les relais ville-hôpital, et participe à la concertation pluridisciplinaire.
Il peut également accompagner le patient dans ses démarches administratives, le suivi des bilans, ou encore dans l’orientation vers des aides spécifiques.
Prise en charge en soins palliatifs et fin de vie
Accompagnement du patient et de la famille
Lorsque la maladie n’est plus curable, l’accompagnement prend une autre dimension.
Dans ce cas, l’infirmier évalue les besoins physiques, psychologiques, sociaux et spirituels du patient. Il adapte ses soins à cette nouvelle réalité, et soutient également la famille en expliquant les étapes, en rassurant, et en préparant la fin de vie.
Collaboration avec les équipes de soins palliatifs
En soins palliatifs, l’infirmier travaille généralement en lien avec des équipes spécialisées : médecins algologues, psychologues, assistants sociaux, bénévoles.
Ensemble, ils construisent une prise en charge globale, respectueuse des volontés et de la dignité du patient.
Compétences spécifiques et formation
Compétences requises pour exercer en oncologie
Avec l’évolution des traitements et des approches thérapeutiques, le rôle des infirmiers dans la prise en charge du cancer s’est élargi.
Avec ces nouvelles missions, dont le suivi des chimiothérapies orales et IV à domicile, prendre en charge certains patients exige des compétences spécifiques et une solide capacité relationnelle.
Vous devez non seulement comprendre la maladie et ses évolutions, mais aussi maîtriser l’administration des traitements anticancéreux, la gestion des effets secondaires, la surveillance clinique, et les gestes spécifiques liés aux voies d’abord.
Vous devez également faire preuve d’écoute active, de patience, de sang-froid, être capable de prendre du recul, de travailler en équipe, d’organiser les soins et de transmettre les informations.
Formations spécialisées en cancérologie
Alors pour que vos patients bénéficient d’une prise en charge de qualité dans un cadre sécurisé, se former et s’intéresser aux évolutions en cancérologie est essentiel. Certaines actions de formation dédiées à la cancérologie vous permettent de faire un point sur vos acquis, de réactualiser vos connaissances, et d’acquérir les derniers outils disponibles.
Et si vous souhaitez vous spécialiser, plusieurs formations existent :
- Les diplômes universitaires (DU Science Clinique en Soins en Cancérologie, DIU soins infirmiers en neuro-oncologie).
- Les certificats en soins de support.
- Les formations internes à l’hôpital (ouverture d’un poste en service d’oncologie).
- La formation d’IPA en oncologie et hémato-oncologie.
- La formation d’IDEC.
Pour conclure…
L’infirmier en cancérologie est bien plus qu’un technicien du soin : c’est un pilier du parcours de vie et de soin du patient atteint de cancer. Présent dans les moments de bascule comme dans les petits gestes du quotidien, il soigne, accompagne, sécurise, coordonne, et soutient.
On ne le répètera jamais assez : être infirmier, c’est exercer un métier qui demande un engagement profond, une adaptabilité constante, une écoute active et une expertise technique solide. C’est un métier exigeant, mais tellement riche quand il place le soin au cœur de la relation. Et c’est d’autant plus vrai quand la maladie bouleverse tout.
Alors, si ce type de prises en charge vous intéresse, n’hésitez pas à suivre une de nos formations dédiées à la cancérologie.
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